Les visitandines de Nancy – Parfois, c’est bon de rater son train

Visitandines de Nancy
Dans la section « gâteaux désuets » que j’affectionne tant, après les biscuits de Montbozon, et le colombier, voici les visitandines de Nancy… que je découvre bien après ma version fait maison à la rhubarbe.

En face de la gare, juste à côté de la brasserie l’Excelsior, cette confiserie-pâtisserie rétro m’avait fait de l’oeil à chaque passage -il y en a eu quelques-uns durant les six derniers mois. Et à chaque fois, pas le temps (train à prendre), pas de chance (jour de fermeture), je restais toujours sur ma faim. Je ne savais pas que j’avais affaire à l’un des plus vieux commerce de Nancy, mais voir pains d’épices en forme de cochon, bergamotes empapillotées et autres macarons craquelés sur les étagères en bois n’avait pas trompé mon 6ème sens pâtissier.

Profitant du fait que ma compagne de voyage allait chercher notre voiture  tôt ce matin-là, j’ai couru en traversant la place malgré les travaux divers -un sacré chemin d’embûches et de barrières, la gourmandise ça se mérite ! et suis repartie dans les montagnes vosgiennes avec mon butin. Il n’était que 9h du matin, les visitandines attendirent sagement à l’arrière de la voiture, rejointes à midi par les knacks et le fuseau lorrain de M.Baudoin, mythique charcutier de Gérardmer (vaut le détour, si si si).

Vint l’heure du retour. On avait prévu large. La route était agréable -sans neige enfin en cette saison, pas comme les dernières fois !- il y avait même… du soleil. Mais arrivé dans Nancy, bouchons. Sur bouchons. Rebouchons bien bouchonnés. Arrive la minute où l’on sent, où l’on n’ose pas encore tout à fait l’avouer, où l’on a compris que l’on va louper le train, et forcément compliquer le retour -enfants qui attendent,invitations diverses à décaler, attente à la gare… Rien de bien grave, une petite catastrophe bien ordinaire qui fait juste à peine monter l’adrénaline.

visitandines

Tant pis, c’était fichu, on prendrait le suivant.

Alors, une visitandine s’imposa, puisqu’il ne nous restait plus qu’à avancer au pas. C’était le moment idéal pour en partager une.  Elles procurèrent un réconfort immédiat, une détente instantanée dans l’habitacle de la voiture de location, le parfumant d’un coup d’une douce odeur d’amande et d’enfance. Le soupir que nous poussâmes chacune en y mordant nous fit éclater de rire. C’était chaud et tendre comme le parfum poudré des cheveux d’une maman qui vient vous dire bonsoir parce qu’elle sort et que vous vous êtes déjà au lit…

Le lendemain matin, en croquant la visitandine rescapée avec mon café dans mon salon parisien, elle me parut un peu moins savoureuse. Reconnaître d’un coup que Proust, avec sa biscotte et sa madeleine au thé, avait bien sûr raison en reliant circonstances, sentiments et saveurs me fit froncer les sourcils. Il aurait plutôt dû déguster une visitandine…

 

Lefèvre-Lemoine
47 rue Henri Poincaré
54000 Nancy

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