Trois excellents taramas qui n’ont rien à voir avec ce que l’on pense être le tarama, et blinis en prime

Longtemps, je n’ai pas aimé le tarama. Je m’entends : comment pouvait-on trouver bon un truc qui avait l’air si plein de colorants pour avoir cette couleur rose fluo ? Au pire, on y risquait d’y trouver même du jus de betterave. Et cette sensation huileuse en bouche, pouah ! Une mauvaise expérience au cours d’une sauterie khâgneuse (vestige des convenances sociales, il y avait régulièrement des canapés dans ces soirées) m’en avait dégoûtée à vie. Pas de quoi me lancer dans une recette maison, vu que je n’aimais pas ça : tarama, taratata.

Et puis, contingences professionnelles oblige, j’ai dû en goûter. Ca m’arrive de plus en plus, en visitant un lieu (en général sans décliner l’objet de ma visite), en discutant avec les gens, que l’on me tende avec un grand sourire un morceau de quelque chose en me disant « Goûtez ! ». Là, il faut toujours se souvenir de Jacques Chirac au Salon de l’Agriculture, capable de goûter avec le sourire 25 fromages puants, 12 charcuteries salées et autres délices de nos régions tout en gardant le sourire Ultra Bright. Donc, quand on vous tend quelque chose que vous n’aimez pas, hors de question de refuser. Vous êtes là pour bosser et donc, au boulot pour les lecteurs, qui n’ont pas les mêmes goûts que vous (dieu merci, car beaucoup de gens n’aiment pas le beurre de cacahuètes par exemple, ou les coquillettes au lait).

En enquêtant chez Da Rosa, épicerie espagnole bien connue, réputée surtout pour son parmesan vache rouge et ses charcuteries, une vendeuse passionnée me tendit un quart de blin tartiné de tarama (blin ou blini quand il n’y en a qu’un, là est la question) en me demandant :  « Aimez-vous le tarama ? »
Désarçonée par sa franchise -elle était jeune, passionnée par son métier- je répondis sincèrement « Euh… pas vraiment« . Réponse lapidaire et splendide :  « Ah bien justement, vous allez donc pouvoir vraiment l’apprécier« .
Très pâle, crémeux en bouche, avec de légers grains que l’on sentait sous la langue, un juste équilibre entre sel et fumé : si c’est ça le tarama, je l’aime… A noter, il n’est pas fait sur place mais importé de Grèce.

Quelques semaines après, même expérience chez Byzance à Boulogne, là encore réputé pour son fantastique bellota (Anne en parle mieux que moi) : tarama différent, peut-être un peu plus fumé, en tout cas un miracle de légèreté, un côté mousseux proche de la brandade (la provençale, à tartiner, pas le gratin aux pommes de terre…) très inattendu. Qui rejoint tout de suite pour moi le paradis des taramas.

Enfin vendredi, dégustation du tarama de La Maison Lucas, déniché au Salon Saveurs. Vous le trouverez chez certains poissonniers, et ils vendent en ligne (bon, couplez votre achat avec d’autres choses, comme le merveilleux saumon fumé bio).
Bonne fille, j’ai dégusté le pot avec Bricol’Boy et son grand frère, sur des blinis maison express (voir plus bas). Bilan : un pot vide, et un silence éloquent lors du machouillage.

Alors si vous pensez ne pas aimer le tarama… goûtez donc ceux-là !

Adresses
Epicerie Da Rosa
62 rue de Seine
75006 Paris
http://www.restaurant-da-rosa.com/

Byzance
27 rue Yves Kernen
92100 Boulogne Billancourt
D’autres adresses à Paris et (enfin !) une boutique en ligne Bellota-Bellota (allumez le son de votre micro pour rigoler un coup en vous y connectant, grouik grouiiiiik)

Maison Lucas
10 quai de l’Océan
56170 Quiberon
Boutique en ligne Maison Lucas

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Blinis express pour tartinade de tarama
Pour 9 blinis

1 pot de yaourt (déjà testé : nature, soja, brebis, 0%, Fjord : tout était bon)
1 pot de farine (déjà testé : blé T65, blé T80, blé T110, petit épeautre, mélange sarrasin-T80 : mes préférés sont ceux au petit épeautre et le mélange de sarrasin est top sur des poissons fumés)
1 oeuf bio ou Label Rouge
1 c. à café de levure chimique (sans poudre d’aluminium, cf ce passionnant post de D.Leibovitz à ce sujet, et la recette de Makanai)
1 filet d’huile
1 pincée de sel
Selon vos goûts, vos restes, vos envies, vous pouvez ajouter : une poignée de légumes râpés, des graines de courge, des épices…

Tout mélanger (Virgile a dû commencer à faire cette recette à 2 ans 1/2, en hurlant : « touiller touiller touiller« ). Laisser reposer 5 min. Faire cuire les petites galettes à feu moyen 2 min de chaque côté (pour leur permettre de lever légèrement). Tartiner et se régaler.

Pour une authentique recette de blinis, allez chez Fred !

PS : merci Requia, grâce à toi j’ai réalisé ce merveilleux investissement qui me sert toutes les semaines. Un rêve et un gain de temps incroyable !

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