Tarte à l’oignon et au zaatar, ou rencontre est/ouest (la cuisine ne fait pas de géopolitique)

C’est mon marchand de légumes libanais qui m’a remis, il y a quelques années, un petit bocal qu’il avait sous sa caisse : « Faut que tu goûtes ça« .

Ca, c’était un mélange de sumac, de sésame et de thym, lequel thym donnait son nom au mélange nommé zaatar (et explique certaines confusions entre le mélange d’épices et le simple thym).

Pour le sumac, on lit souvent que c’est une plante, soyons exacts : c’est un arbuste, et c’est son écorce séchée que l’on broie. En fait, je lis des controverses quant au fait que ce soit ses baies qui soient broyés, ou son écorce (avis aux fabriquants, on attend vos secrets). Son goût acidulé en fait une de mes épices favorites, bien que son goût soit très volatil et résiste peu à la cuisson (perso, je me fournis chez Massis Bleue, comme d’hab’… de vrais dealers pour moi. Même que la semaine dernière, ils m’ont reconnus à cause de la photo sur le blog, mon anonymat chez eux, c’est foutu…).

On peut même aller jusqu’à dire que c’est une épice qui fait chanter la cuisine (ah ah ah, je n’ai pas pu résister, merci Yma).

Simplement mélangé à de l’huile d’olive, ce fameux zaatar, donc, se transforme en une pâte épaisse et parfumée, parfaite pour être étalée sur des pains pitas tièdes. Egalement délicieux à la place du simple sumac dans la salade Fattouche (si pour moi c’était le marchand de légumes qui m’a illuminé, pour Pascale, c’était un chauffeur de taxi). On doit avoir l’amour de la nourriture écrit sur le visage -je tape le premier qui dit les fesses- pour que des inconnus nous parlent de bouffe et d’épices à tous les coins de rue. Délicieux aussi saupoudré sur des brochettes de poulet, et sur du poisson simplement grillé. Hum.

Jusqu’ici, mon pot de zaatar servait surtout l’été et s’ennuyait au milieu de ses 50 homologues (je suis loin du compte de Mercotte, et en plus, les miens ne sont pas toujours étiquetés…), jusqu’à ce que je relise pour le travail un très intéressant dossier sur le petit déjeuner à travers les siècles et dans le monde. On y parlait du petit déj’ palestinien où l’on consomme des galettes saupoudrées du mélange zaatar-huile d’o.
Conclusion, comme d’hab’ : cette épice fait le tour du Moyen-Orient…semble-t-il avec des variantes locales. J’ai entendu parler d’hysope en Palestine, et de graines de grenade ajoutés ailleurs. Si les spécialistes ès épices peuvent se pencher sur ce cas, ce curry (au sens de mélange, bien sûr) oriental, je suis preneuse d’explication.

Choc des cultures, des idées, en rentrant le soir donc : une petite fondue d’oignon des Cévennes (mes préférés avec ceux de Tropea (hop, une photo sicilienne du paternel, qui eux boxent dans la catégorie rouge), un oignon snob avec AOC qui ne fait pas pleurer les yeux délicats mais ravit les papilles, sur une pâte feuilletée, préalablement cloutée et saupoudrée de zaatar… Et pour ne pas faire dans la demi-mesure, la caramélisation des oignons fut renforcée par un peu de mélasse de grenade. Tiens donc, encore.

tarteoignons

Pas besoin de recette, vous êtes grands maintenant, utilisez votre classique tarte à l’oignon (sans migaine SVP), et relookez-la à l’orientale avec ce délicieux zaatar et une larme de mélasse de grenade (qui a dit « encore » ?).

Au résultat, un mélange est/ouest très convaincant. Les mariages mixtes font toujours de beaux enfants.

Pour utiliser le pot de zaatar qu’il va vous rester après avoir fait cette tarte, essayez donc :

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