Même les mamies sont des glacières – Glace au sésame noir de la Mère de Famille
Je me souviens encore de la première fois que je suis passée devant la vieille confiserie « A la mère de famille« . Fraîchement débarquée de Marseille, j’avais rendez-vous avec une amie qui habitait le quartier et nous partageâmes, alors que le déluge se déversait sur les vitres, de délicieuses boulettes de porc à la citronnelle dans le traiteur chinois sur le trottoir d’à côté, en essayant de trouver des solutions à sa vie sentimentale alors fort compliquée. Je ne pouvais alors pas savoir que, des années plus tard, j’habiterai juste au dessus de ce traiteur (depuis disparu), en regrettant que nos fenêtres ne donnent pas sur une des plus vieilles boutiques gourmandes de Paris !
Respectable à souhait, avec ses vieilleries (caisse, comptoir, vitrines en bois) soigneusement conservées, cette brave vieille dame (née en 1761 tout de même) est restée une de mes adresses chouchous. J’y passe régulièrement pour acheter mes petits cadeaux gourmands, notamment les bonbons petits pois-lardons qui pour 5 euros font retomber en enfance les plus endurcis, qui s’exclament ‘mais je croyais que ça n’existait plus‘ avec l’oeil humide en ouvrant leur petit paquet. Bon, parfois je craque aussi pour une bouteille de Ladoucette, un de mes Pouilly-Fuimé préférés, mais je m’égare.
L’année dernière, j’y avais lapé avec délice et étonnement une somptueuse glace à la vanille, car la maison s’était lancé depuis peu dans les glaces artisanales. Et profitant de l’aubaine de l’achat-des-cadeaux-de-fin-dannee-a-la-maitresse (pour nous : calissons et thés parfumés), j’ai cédé en goûtant leur toute nouvelle glace au sésame noir qui me faisait de l’oeil depuis un petit moment (id est : chaque fois que je passais devant, c’est-à-dire très souvent).
Ah ah ah bande de foodistas, on croyait que seul le divin Sadaharu Aoki régnait sur le so fashion sésame noir, en macaron, en éclair. Que nenni, les mamies s’y mettent aussi !
Rien à voir avec la glace ultra-black de Sooishi. On est sur du granit, un gris perle très chic (assorti à mon tee-shirt ce jour là, c’est dire), ou un noir un peu délavé, couleur la plus fréquemment obtenue avec la pâte de sésame noire japonaise, comme dans ces sablés ou pannacotta. La charmante vendeuse me confia que d’ailleurs cela effrayait un peu les clients, se demandant quel goût cela pouvait bien avoir.
Et c’est bien dommage pour eux. Aucune amertume, un moelleux parfait et un fondant exquis, sans ce goût d’omelette que je déteste par dessus-tout (ah, les horreurs des crèmes anglaises trop chauffées, beurk) ! La glace est foisonnée juste comme il faut, sans excès d’air (vade retro l’effet La Laitière qui vous fait payer l’air au prix de la glace). Bref, une gourmandise généreuse, un poil trop sucré à mon goût, mais c’est du chipotage vu la qualité de l’ensemble. Le tout pour… 2 euros. Carrément donné pour un vrai dessert qui en jette.
A savoir : la maison propose aussi un vacherin sur ce parfum, complété d’une crème glacée « achta », au parfum libanais de fleur d’oranger et de gomme arabique. Quel dommage de ne pas proposer ce parfum à l’unité !
Un seul vrai regret : n’avoir pas aussi testée celle aux pralines roses, qui m’a fait aussi de l’oeil. Et puis celle à l’abricot bergeron, que les 5 personnes entrées dans la boutique pendant mes achats ont choisi.
I’ll be back pour te goûter, lui ai-je dis en sortant dans la fournaise parisienne.
A la mère de famille
35 rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
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