Les sandwichs de Thierry Breton, ils ont vraiment tout bon – bienvenue à la pointe du Grouin !
Après l’effet « rue du Nil », il y a presque un effet « rue de Belzunce ». Chez Casimir à droite, chez Michel à gauche… et désormais, pile entre les deux, dans la jolie maisonnette de brique, un grand bar-sandwicherie qui héberge au sous-sol le nouveau fournil de Thierry Breton.
À la recherche d’un lieu pour faire son pain délicieux qui fournit désormais un sacré paquet de bons restaus, le chef a craqué pour le lieu… et a consacré le rez-de-chaussée à la restauration sur le pouce. Coup de chance, je suis passée devant alors que des fils pendaient encore, que les ampoules étaient en train d’être vissées et que serviettes et emballages pour emporter sandwiches and co n’étaient pas livrées ! Bon prince, devant ma mine affamée, le patron des lieux a dégainé son couteau pour me préparer le meilleur sandwich que j’avais mangé depuis très longtemps.
Car pour faire un bon sandwich, pas de secret : il faut du bon pain. Et celui de Thierry, travaillé en ficelle longue et croquante, me rendrait presque lyrique. Après, choisir entre andouille de Guéméné ou jambon cru de Mangalica (une palette, pour être précise) fut cornélien. Après avoir passé ma période pois chiche, je ne pouvais pas enquiller sur de l’andouille -trop d’idiotisme sous ma petite tête rousse certainement.
J’ai donc opté avec joie pour ce jambon de porc hongrois, une espèce rare et grassouillette, caractérisée par sa moumoute bouclée, qu’on nomme aussi « cochon laineux« . Oui, oui, : un cochon à permanente de concierge, de longues soies bouclées, une bouille assez dingue et un goût noiseté et fondant divinissime. Bien moins connu et cher que son cousin iberico, voilà un petit cochon plein d’avenir !
Ajoutez une généreuse couche de beurre de Saint Goudas (made in Bretagne), pléthore de petits cornichons croquants peu vinaigrés, du cresson finement émincé pour le peps, et un filet d’huile de noisette de chez Lepine. Rien que du bon, et à la dégustation, pas de surprise : on obtient un sandwich très, très, très bon. Simple, franc du collier, mais avec plein de peps, un travail autour de la noisette et du piquant qui nourrit aussi bien le corps que l’esprit dans sa simplicité travaillée.
Le tout -et c’est là que la surprise est divine- pour… dites un prix. 7 euros ? Nenni.
4 euros.
Pour comparatif : le jambon-beurre de base de Pomme de Pain coûte 3,5 euros. Un Big Mac : 4 euros.
Et bim : non, ça ne coûte pas plus cher de manger de bonnes choses. De faire travailler de petits producteurs. De prendre les choses à coeur. De savoir ce que l’on met dans votre assiette.
En dessert, pour deux euros de plus : yaourt Bordier ou tarte du jour. La poire semblait divine, la pignon démoniaque, mais c’est la kumquat qui l’a emportée dans mon coeur. Et surtout parce que j’ai demandé conseil à la jeune fille qui les avaient préparées le matin : toujours écouter le conseil du cuisinier quand tu hésites, jeune padawan !
J’aurai aimé goûter celui au saumon fumé maison et à la crème crue, mais il n’y en avait pas encore, hélas. Demain peut être ?
La pointe du Grouin
8 rue de Belzunce
75010 Paris