Chérie, il y a des rats qui cuisent dans ta casserole… ou mon repentir sur le cerfeuil tubéreux
Il y a fort longtemps, j’avais frimé avec mes belles racines que mon célèbre frutivendeur m’avait vendu comme étant du cerfeuil tubéreux (alors que je leur trouvais une gueule de panais). J’en ai tiré des conclusions hâtives, et un an après, je peux le dire : je me suis trompée, j’ai pris du PERSIL tubéreux pour du CERFEUIL tubéreux.
Résumons. La racine de persil et le panais ont de grandes ressemblances (racines blanches) ; alors que le cerfeuil tubéreux, lui, franchement, ne ressemble pas à grand chose, la preuve :
Lesquels, après brossage soigneux, finirent à l’eau dans une casserole, inspirant ce cri d’horreur à Bricol’Boy : « C’est normal,ça? Y’a des rats dans la casserole, ils sont cuits ou je les laisse encore bouillir ? »
A force de lui faire manger n’importe quoi, je me dis qu’au pied de la lettre, cela ne l’étonnerait finalement pas tant que ça.
Et que son sens de l’humour doit finir par influencer le goût du dîner.
Au rendu, de petits tubercules au goût doux, un peu vanillé, une chair ferme comme de la pomme de terre type Roseval (pas aqueuse comme mes amis les topinambours), qui se coupe bien… et se sont prêtés à un très snob parmentier, accompagné d’un reste non pas de pot-au-feu mais de peposo simplement découpé puis rechauffé, la sauce réduite faisant parfaitement son office de liant. Ils n’étaient pas tout seuls, quelques pleurotes sautées ont apporté du croquant et du juteux, le mélange de textures étant assez agréable (après tout, autant se jetter des fleurs, après tout, à part Bricol’Boy qui a goûté, qui peut me contredire ?).
Moralité : oui, les légumes anciens c’est chic, snob, et je vous promets une deuxième recette, avec des topinambours tiens, encore plus snob. Voire même, tiens ! des scorsonères, si vous êtes sages (ce mot, c’est un hit au scrabble).
Après tout, je me dis que vous devez en avoir marre des recettes de Noël, alors je vous garantis ici un mois de décembre sans foie gras et sans saumon (voire, sans caviar, sauf si Petrossian m’entend, je suis volontaire pour tester leurs produits, ma foi, je n’ai mangé du caviar qu’une fois dans ma vie, pas assez pour bien en parler, n’est-ce pas ?), mais avec plein de légumes anciens et de rigolades…
PARMENTIER DE CERFEUIL TUBEREUX AU PEPOSO DE JARRET DE BOEUF
Une livre de cerfeuil tubéreux (j’adore donner des mesures desuètes, c’est plus marrant)
Une livre de pleurotes bein fermes
250 g de reste de boeuf en ragoût (ici du pepose, mais pourquoi pas de la daube, du boeuf à la guiness…)
Laver et brosser soigneusement les tubercules. Les couvrir d’eau froide, saler légèrement et laisser cuire à petits bouillons une vingtaine de minutes.
Pendant ce temps, découper le boeuf en lamelles, faire chauffer et légèrement réduire la sauce.
Réchauffer la viande (à vous de voir : micro-ondes, dans la sauce… selon vos goûts).
Faire chauffer vos assiettes (pour un plat « de restes », c’est plus classe).
Disposer une couche de demi-cerfeuils, répartir les lamelles de viande.
Napper légèrement de sauce, si vous êtes en forme ou aimez les années 80, ajoutez une pluche de cerfeuil (l’herbe, ce coup ci), et hop !