Une histoire oedipienne – Pak choï et calamars sautés au saté

Dans les bonnes résolutions de la rentrée, deux (seulement) concernaient l’alimentation familiale* : manger plus de légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots rouges) suite à l’interview d’un spécialiste des anti-oxydants qui acheva de me convaincre de leur immense intérêt méconnu (à méditer en ces temps de disette boursière) ; mais aussi mettre plus souvent du poisson à notre menu.

*les autres résolutions concernaient mon addiction à certaines chaussures de ce genre, ma propension à éparpiller des éléments culinaires partout, et d’autres choses encore moins racontables. Malheureusement, il m’est plus facile de cuisiner des lentilles que d’éviter les magasins de chaussures.

Prise depuis un an par des doutes et la mauvaise conscience liée au choix à l’étalage (et de participer au décimage d’une espèce) j’avais été paralysée par ce que je nomme « l’angoisse du supermarché« , à savoir que tenaillée entre la conscience écologique, les aspects financiers et la fraîcheur de l’étalage, j’avais trouvé l’équation trop difficile à résoudre et avait par trop deserté mon poissonnier préféré. L’angoisse du supermarché me paralyse régulièrement et peut concerner (selon les moments) les colorants, le sirop de glucose-fructose, les champignons des pays de l’Est, les acides gras trans, les suremballages qui me rendent hystéro, et parfois ces angoisses se déclarent toutes ensembles : je reviens donc des courses avec un paquet de pâtes complètes, des sardines à l’huile made in France, et une sacrée boule au ventre, en me demandant où pourrai-je mettre une poule dans notre appartement afin d’avoir des bons oeufs frais sans coût carbone.

Mais revenons à nos bancs (de poisson). Sardines et maquereaux (par ici les omégas 3, comme le dit FRG ici) ont donc fait leur fracassant retour dans nos assiettes (et dans le nez de nos voisins), suivis de harengs frais (absolument divins) et enfin de calamars.Vous remarquerez que le journaliste culinaire ne se nourrit donc pas que de macarons Hermé et de caviar (du moins, pas tous les jours).

Le calamar, c’est intimidant, parce que un peu comme la moelle, je n’aurai pas pu vivre avec un homme n’appréciant ni l’un ni l’autre. Mais bien que né loin de la Méditerranée, Bricol’Boy ne défaille pas à la vue d’un tentacule ou d’une ventouse (et grâces lui en soient rendues) et nous voilà en joie à la vue d’un takoyaki (je résiste pour acheter la poêle ad hoc).
Mais pendant longtemps pour moi, le MC of Calamares resta mon père (vous savez, celui des champignons), au point de n’oser m’y mesurer. Effet de ma longue analyse ? Résolution à plus de 30 ans passés d’un vieux reste d’Oedipe ? Miracle de la pêche bretonne ?

Ce dimanche, enfin, jour mémorable pour ma réputation culinaire, je servis à table (avec le secours et la hotline de notre Cousteau à nous), une recette de calamars enfin digne de ce nom. Fondants, pas caoutchouteux, délicatement épicés… finalement, nous fûmes bien contents que MiniBoy les dédaigna. En mère indigne, je fus bien contente de pouvoir en déguster un peu plus, sans mauvaise conscience ni angoisse de supermarché, ce plat étant, ô joie, hyper diététique.

ENCORNETS SAUTES AU PAK CHOI ET AU SATE

1 beau pak choï
600 g de petits encornets
1 petit oignon paille
2 c. à café d’épices à saté
Huile d’olive/huile de sésame
Sel

Lavez et séparez toutes les feuilles du pak choï. Emincez finement le blanc et faites-le revenir à la poêle avec une pincée de sel pour qu’il rende son eau de végétation. Laissez-le cuire 5 min à couvert. Pendant ce temps, émincez les feuilles vertes, puis ajoutez-les dans la poêle. Faites les « tomber » très rapidement (env. 1 min). Réservez.
Emincez finement l’oignon, faites-le dorer dans un peu d’huile jusqu’à ce qu’il soit tendre, mélangez avec le pak choï.
Préparez les encornets : séparez les tentacules des corps, fendez les corps pour les vider parfaitement et ôter les plumes sans difficulté (j’avoue employer une paire de ciseaux). Fiez-vous à ce billet parfait de Patrick qui vous montre la méthode. Travaillez au dessus d’une passoire bien sûr. Quadrillez admirablement à l’aide d’un couteau bien aiguisé les corps.
Faites griller vos calamars à froid, avec une pincée de sel pour qu’eux aussi rendent leur eau. Quand ils changent de couleur et blanchissent, c’est bon ! Cela m’a pris environ 1 min 30. Jetez l’eau de cuisson.
Faites sauter ensemble pak choï, oignon et calamars. Saupoudrez d’épices à saté, mélangez et laissez chauffer environ 1 min. Servez illico presto !

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