Un petit tour chez Coqrico ?

Oser parler de restaurants, à nouveau. Sans être critique gastro (oh le vilain mot), reconnaître que l’on y va souvent, pour le boulot, et aussi -heureusement- pour le plaisir (je fais le plus beau métier du monde, sauf quand il s’agit de faire la vaisselle pour écluser les 12 tests de recette de la journée). Ne pas s’obliger à délayer, à s’écouter écrire – rappelons que le genre de la critique gastronomique est au départ un genre littéraire, et non un genre d’exactitude culinaire- mais juste essayer de faire partager ce qui était dans l’assiette, sans trahir l’intention ni la réalisation. Oublier les débats -journaliste, blogueur, critique- et revenir à l’essentiel : le plaisir de déguster, la joie de comprendre et de partager. Considérer ce blog comme un bloc-notes et un lieu d’échanges, et non comme un examen ès culinaria.

Reprenons donc, voulez-vous ? Ce jour-là chez Coqrico, l’hiver avait heureusement frappé à nouveau à notre porte. Quelques calories crémées et abondantes pouvaient donc être les bienvenues sans crainte de boudinage peu artistiques. L’ascension de la butte valait le coup, deux coups de coeur m’attendaient en haut de Montmartre…

Tout d’abord le vol au vent, aux écrevisses et à la volaille, formidablement désuet et vraiment savoureux. Grand frère de ma bouchée à la reine chérie de chez Drouant, on y reconnaît la même pâte feuilletée pas du tout inversée, parfaitement cuite et aux arômes de beurre noisette du tonnerre… Une garniture abondante, plus monotone, mais à la sauce parfumée sans être trop relevée.

On y reconnaît aussi la Westermann touch dans le moelleux de la sauce, qui ne laisse pas en bouche cette atroce sensation farineuse et collante des sauces trop liées. Bémol : le riz pilaf servi à part, attention charmante, mais qui tombe à plat -tout comme les pâtes toujours servies avec la bouchée à la reine. J’imagine que ce riz est réservé aux très grands gourmands qui, pour saucer ce qui reste, épongent à coup de riz. Je passe mon tour (en passant par la case 24 euros, mais on a largement de quoi faire le repas de cette seule bouchée, enfin, quand on a mon gabarit).

Enfin, une rareté qui me fit battre des mains et mettre la cuillère en l’air. Une vraie île flottante. Pas des oeufs à la neige, non !!!
Un atoll de blancs fermement battus mais cuits au four longuement,  déposés ensuite sur un lit de crème anglaise très très vanillée, enfin ornés d’un filet de caramel et d’amandes effilés toastées. Ne cherchez pas : c’est bien plus subtil que les oeufs à la neige -le blanc est plus cuit, tout en gagnant en légèreté, et sans aucun arrière-goût d’omelette (défaut majeur de ce type de dessert mal maîtrisé). La générosité de la portion justifiait les 9 euros. Mon adorable commensale s’extasiait devant son soufflé glacé au grand marnier -bien moins mon kiff, mais dans sa catégorie, il boxait très haut !

Point noir : le café… Nespresso (à 4 euros…) quel dommage que cette fausse-note finale !
Bonus : accueil charmant et attentionné ; très bon pain.
Niveau sonore : moyennement parisien, plutôt moins bruyant que nombre de restaurants de ce genre.
Degré de branchitude : assez nul donc bien appréciable. Voyage dans le temps assuré sans lourdinguerie. Si j’avais hélas encore la chance d’avoir une belle-mère, je pense qu’elle aurait beaucoup apprécié.
Assurance d’y retourner : 70% (pour goûter les volailles rôties)

Le CoqRico
98 rue Lepic
75018 Paris

Addition payée par mes soins.

 

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