Un gratin total helvète – blettes et sbrintz

Je ne suis pas Gordon Ramsay (mais vous l’aviez sans doute remarqué). Oui : j’aime Stephan Eicher.

En lisant A nous Paris de la semaine dernière, j’ai été amusée d’apprendre que le chef multi-étoilé au caractère de chef cochon ne supportait pas d’entendre mon chanteur helvète favori, rapport à une ex qui le lui avait infligé en boucle (je suis innocente, je n’ai pas connu bibliquement Gordon Ramsay, papa pardonne-moi si tu lis ces lignes).

Voilà, le pire aveu : je possède tous les albums de Stephan Eicher, certainement une photo dédicacée au fond d’un placard (avec une orthographe fantaisiste et unique de mon prénom), et puisque son écoute semble difficile au plus grand nombre, je l’écoute quand les oreilles de l’homme sont loin. Longtemps d’ailleurs de la Suisse je n’ai connu que ce chanteur à l’accent de nulle part et pourtant tellement européen. Et puis… le fromage est arrivé dans ma vie.

Il y a 5 ans, je n’en mangeais presque pas, je le confesse. Je dois tout à Bricol’Boy qui pris mon éducation en main sur ce plan-là (comme quoi j’avais bien fait de ne rien faire avec Gordon).
Insidieusement, je réussis à goûter du manchego, à succomber au Brillat-Savarin (qui peut résister à 70% de matières grasses ?), et de fil en aiguille c’est moi qui ai initiée la malheureuse Anne au Gruyère Suisse. Si si, celui sans les trous. J’ai même animé un atelier au Salon de l’Agriculture pour les fromages d’Auvergne, découpant sans sourciller de la Fourme d’Ambert : une de mes ultimes résistances à vaincre concerne les fromages bleus, mais j’espère bien arriver à en goûter un jour.

Alors le Sbrintz m’intriguait, parce que son nom me fait penser aux Sprits, mes biscuits préférés, mais encore plus à cause de la recette de Lauriana, et parce que l’Appenzeler avec son goût étrange d’infusion, je ne réussis pas à m’y faire. Enfin déniché le graal fromagé (merci RPCA), herbacé et beurré comme promis, ne restait qu’à l’accommoder.

Il m’a semblé linguisitiquement évident que du fromage suisse, ça ne pouvait qu’aller avec des blettes, parce que bizarrement les feuilles de betterave se transforment en cardes suisses pour les Anglais (swiss chard) si on en fait une traduction Sky my Husband.
A swiss chardon, suisse fromage, et chouette gratin, fastoche le raisonnement ! Ah, et les pois chiches ? C’est parce qu’il semble à certains que j’en ai un dans la tête , mais surtout parce que l’alliance épinards-pois chiches, découverte dans un tapas à Barcelone, m’a laissé de grands souvenirs. La Suisse, l’Espagne, vous me suivez : ce plat a le même accent que Stephan Eicher.

GRATIN DE BLETTES & POIS CHICHES AU SBRINZ
Pour 2 étoiles des neiges
1/2 botte de blettes
2 petits oignons nouveaux
1/2 boîte de pois chiches égouttés et rincés (environ 200 g)
3 cuillères à soupe de crème liquide
125 g de sbrin
Sel fin, poivre du moulin

Laver les blettes, séparer le blanc du vert. Hacher finement le blanc, ciseler grossièrement le vert.

Emincer les oignons nouveaux. Faire rissoler dans un peu d’huile d’olive l’oignon puis le blanc des blettes, saler et laisser cuire à feu doux dans leur eau de végétation pendant 8 à 10 min. Ajouter alors le vert, bien mélanger et laisser cuire environ 10 min à couvert. Pendant ce temps, diviser le morceau de Sbrinz en 2 et en couper la moitié en lamelles (on peut utiliser un économe pour réaliser rapidement des copeaux).
Hors du feu, ajouter la crème, les pois chiches, les copeaux de sbrinz, saler et poivrer.
Répartir le mélange dans des plats à gratin et râper par-dessus (à la microplane, ça fait un joli effet de neige tout à fait suisse) le fromage restant.
Glisser dans un four préchauffé à 200° pendant 10 min avant de mettre le grill en action pour gratiner à donf.
Et allez déjeuner en paix.

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