Confessions d’une grenadophile -muhammara et salade patiente

C’est plus fort que moi. Quand j’aime un ingrédient, j’en deviens littéralement possédée, l’agrémentant à toutes les sauces. Devenue grenadophile l’année dernière -oups, il y a presque deux ans !-, mes symptômes s’aggravent, l’accommodant, la triturant, la pressant à toute occasion, en parlant partout. A priori mon thérapeute n’y trouve rien à redire, sinon à accorder en effet des vertus relaxantes -et salissantes- à l’épluchage du bestiau.
Pour soutenir mon amie Cathy dans son addiction, je me fais le plaisir de vous livrer les deux dernières recettes qui m’ont donné envie de planter un grenadier sur le balcon (rien que ça)

Premièrement, une vieille chose qui me tentait depuis des lustres, le muhammara. Sorte de caviar de poivrons rouges aux noix et à la mélasse de grenade d’origine turque, c’est un délice sucré-acidulé-fruité, un authentique régal, assez différent en saveurs de ce que l’on croise habituellement. La recette de Clotilde est parfaite, je vous y renvoie avec plaisir, d’autant plus qu’elle a dorénavant -prélude à la sortie de son ouvrage en février ?- un blog en français.
Seule variation de ma part, pas de noix de pécan dans mon placard, mais des amandes, qui ont été craquantes à souhait dans la préparation. Au panthéon du pain pita, le muhammara rejoint désormais mon caviar d’aubergines au lait ribot et le hoummous (que je relève parfois d’une pointe de cannelle, mais ce n’est pas orthodoxe)

Une petite lichette ?

muhammara

Enfin, la plus belle grenade de l’année -fraîche, mûre, d’un rouge extraordinairement rubis- a fait l’objet d’une salade fraîche et florale, parfaite pour accompagner une toute simple galette des rois frangipanée.

Grenade, litchis, sirop de rose, un tour au frigo, et une petite merveille de simplicité fruitée droit-dans-ses-bottes était là. Prévoyez tablier et patience : si éplucher la grenade est drôle, l’épluchage des litchis frais requiert à mes yeux une dose de patience infiniment supérieure, certainement parce que je ne les apprécie que modérément. La première fois que je vis Un chien andalou, au lieu de comprendre le surréalisme, je compris pourquoi je n’aimais pas les litchis (ce n’était a priori pas l’objet du film, mais en arriver à ces conclusions était en fait très fidèle à l’esprit surréaliste). Les litchis ressemblent à des yeux, voilà tout, iris blanc opalescent, pupille couleur du noyau, et une fois cela en tête, vous ne mangerez plus des litchis de la même façon.
Lorsqu’une amie d’origine chinoise me proposa un jour un ramboutan et que je déclinais, lui expliquant ma comparaison, elle éclata de rire en me disant que ramboutan signifiait… oeil de dragon. Comme quoi, ça tombe sous le sens.


salade grenade litchis

SALADE DE LA PATIENCE
Pour 4 personnes
1 grosse grenade mûre et juteuse
400 g de litchis bien frais (pas comme ceux sur la photo, légèrement fatigués)
2 cuillères à soupe de sirop de rose (Terre Exotique pour ma part, mais vous en trouverez du délicieux ici également : pas de message publicitaire là dessous, juste une idée de mon placard)

Pelez les litchis et coupez-les en 4 à 6 morceaux. Pelez et épluchez la grenade, en ayant soin d’éliminer les peaux blanches légèrement amères. Ayez soin d’éplucher directement au-dessus du saladier de service, histoire de conserver le maximum de jus. Ajoutez le sirop de rose, mélangez délicatement, et laisser au réfrigérateur au moins 3h. C’est moins présentable mais encore meilleur le lendemain, paraît-il.

PS : si vous voulez réellement comprendre le surréalisme, lisez plutôt le Paysan de Paris, sans rire. Et si vous avez une idée pour me raccommoder avec les litchis, ce serait sympa aussi.

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