Une histoire de chaussures et de courgettes – la scarpaccia de courgettes d’Alain Ducasse

Pendant une semaine, je propose une recette estivale aux lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France. J’ai le plaisir de succéder à Pascale dans cette lourde tâche de proposer une recette simple, pas chère, de saison… et qui vous fasse envie ! Bienvenue à ces nouveaux lecteurs, et mes excuses à ceux qui reconnaîtront des anciennes recettes republiées  : c’était une bonne occasion de retrouver dans mes archives quelques bonnes petites choses....

J’avais juré ici ne pas attendre des mois et des mois avant de poster ces recettes évidentes que l’on fait les yeux fermés et dont vos invités vous demandent toujours la recette. Bien évidemment, je n’ai pas tenu parole, et ce sont les lecteurs d’un site pour lequel je pige qui se plaignent (aimablement) de ne pas avoir la recette d’un plat photographié dans ce dossier spécial courgette. Ma maman me l’avait bien dit, pourtant, de toujours tenir mes promesses, ça m’apprendra !

Je reviens donc sur deux préoccupations essentielles dans ma vie : les recettes de cuisine et les paires de chaussures, qui ont beaucoup de points communs. Parce que cette recette de scarpaccia (vieille godasse en italien) attend dans les méandres de ce blog depuis un an et demi…

– il y a les sublimes chaussures qui ne vont très bien qu’avec une robe, et que pour une occasion bien spéciale. Les compensées orange de la soirée déguisée, les spartiates rose fuschia qui étaient sublimes avec cette jupe trapèze (dans laquelle on ne rentre plus). On ne peut les mettre que deux fois par an mais on est sûr du résultat. Il faut que la météo et le Dieu du vernis à ongle raccord soit avec vous, mais ça le fait.
Exemples : le parmentier de cerfeuil tubéreux au jarret de boeuf peposo, les gnocchi aux carottes technicolor et taleggio.

– il y a les baskets que l’on met sans réfléchir, pour les jours où l’on est pressés, mais dont on a parfois un peu honte. Parce que des Gazelle, à notre âge, vraiment ? Et les Camper, c’est so 2002 non…
Exemple : le porc à la limonade, le chaud-froid de poulet à l’estragon.

– il y a les chaussures si belles et si originales que limite on pourrait sortir toute nue avec, on aurait quand même une allure folle (et pas de cellulite tellement on voit que nos pieds). Une robe à dix euros passe très bien au-dessus : parfois, une belle paire de chaussures très chères, ça fait faire en fait de super économies.
Exemple : le croque-monsieur à la truffe, dont je n’ai pas parlé, parce que ça fait trop riche de manger des truffes, alors qu’avec du pain de mie bio de chez Monoprix, ça passe tout de suite mieux.

– il y a les chaussures qu’on a acheté mais qu’on ne met jamais tellement elles nous mutilent les orteils. Ca, c’est toutes les recettes que je lis, et où je m’arrête à cause des phrases suivantes : « râpez finement le chocolat« , « faites tourner 10 minutes dans votre Kitchenaid« .
Exemple : si si, j’ai des chaussures de ce genre (taille 39-39,5, faire offre de rachat), mais il n’y a pas de recettes de ce genre ici…  Genre macarons ou pains d’anis dont je rêve pourtant. Pas la place ! Pas le confort !

– et puis, il y a les chaussures qu’on a acheté un peu par hasard, parfois au détour d’un bac à soldes. Des petites ballerines de rien du tout, mais avec un joli détail (une bride avec un bouton, un talon bobine rose), et qui au fil du temps ce sont avérés être des merveilles de confort. Des espadrilles si jolies qu’on rêve de l’été rien qu’en les regardant. Ces chaussures-là, on les met sans y penser, elles vont avec la moitié de notre garde-robe… Ce sont les plus difficiles à trouver, car on ne sait pas qu’on les cherche (un peu comme l’homme de sa vie, ne trouvez-vous pas ?) et quand elles sont à nos pieds, on se demande comment on a fait, avant… On les fait ressemeler, on les chouchoute, et le jour où elles sont irrévocablement fichues, on les embrasse avant de les mettre à la poubelle, comme les chaussures du conte de Pierre Gripari.
Ces recettes-là, de basiques indispensables, sont les plus précieuses. Je n’en ai malheureusement jamais assez à mon goût.
Exemple : Il y a dans cette catégorie les blinis magiques, la glace au citron, la mousse au chocolat, la poitrine de porc grillée-confite . Le genre de recettes qu’il y a cinquante ans, j’aurai écrit sur un petit cahier, pour donner à ma fille le jour de son mariage (mais à la place, j’ai un blog et un petit garçon).
La scarpaccia, vous l’avez compris, fait partie de cette catégorie-là.  Je n’ai plus jamais envisagé le gratin de courgette autrement.  Mi flan, mi tarte, mi gratin : trois mi, et alors, c’est dire si c’est bon.

Scarpaccia de courgettes, très librement inspirée de Méditerranées d’Alain Ducasse

Pour 4 personnes -ou 2 très fans

500 g de petites courgettes (le maître dit « avec les fleurs », hélas…)
5 cébettes
2 gousses d’ail
2 oeufs
5 cuillères à soupe de parmesan fraîchement râpé (déjà testé : comté, chèvre, brebis…)
4 cuillères à soupe de farine (testées avec succès : blé, épeautre, riz, moitié pois chiche moitié blé…)
20 cl de lait & eau mélangé à part égales
De la bonne huile d’olive
Du sel de mer gros
Ajouts possibles : pignons, graines de courge, basilic frais, pesto…

Lavez et essuyez les courgettes. Hachez-les grossièrement et faites-les dégorger au gros sel.
Pelez et hachez les cébettes et l’ail.
Mélangez les oeufs, le parmesan, la farine, le liquide, et du poivre du moulin.
Pressez fortement les courgettes entre vos mains, séchez-les. Ajoutez-les au mélange précédent avec les cébettes et l’ail, mélangez intimement.
Préchauffez votre four à 210 ° (th.7).
Huilez un moule (perso je préfère un moule en métal qui conduira bien la chaleur et me donnera une scarpaccia dorée dessus-dessous) et répartissez-y la préparation. L’épaisseur ne doit pas excéder les 2,5 cm. Ajoutez encore un peu d’huile sur le dessus de votre scarpaccia, et enfournez.
Faites cuire 20 à 25 min, servez tiède ou froid.
Et allez faire le tri dans votre armoire à chaussures.

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